Biographie de
Beaumarchais
BEAUMARCHAIS Pierre Augustin Caron
(24 janvier 1732-18 mai 1799), Ecrivain
Monsieur de
Beaumarchais n’est ni ce qu’on a cru qu’il fut ni seulement ce dont on se
souvient qu’il a été. Il doit le nom de Beaumarchais sous lequel il est passé à
la postérité à la terre que possédait la veuve d’un certain Franquet, auquel il
acheta en 1755 une charge de contrôleur de la maison du roi. Il épousa la veuve
qui le laissa lui-même veuf dès 1757. Son père André-Charles Caron avait été
reçu maître horloger, après avoir abjuré en 1727 sa foi protestante. Pierre
Augustin est son seul fils, entouré de cinq sœurs. Ni son apprentissage dans
l’atelier paternel, ni des études sommaires, ni sa passion de la musique ne
suffisent à satisfaire son ambition. C’est pourtant par la musique que, dès
1759, il devient proche des filles du roi que l’on appelle Mesdames et
auxquelles il donne des leçons de harpe. La charge qu’il achète la même
année grâce à l’entregent du financier Pâris-Duverney lui confère la noblesse
et lui permet d’entrer dans le monde des finances et des affaires. Il commence,
en 1764, à s’acquitter en Espagne, sous prétexte de mariage, de missions qui
passent pour secrètes et qui sont à demi-officielles. Il ne se remarie pourtant
qu’en 1768 à Geneviève-Madeleine Watebled dont il a un fils et une fille.
Mais, en quelques années, sa femme, sa fille et son fils meurent. Les drames dont il est l’auteur et qui sont joués à la Comédie-Française (Eugénie en 1767 et Les Deux Amis en 1770) lui valent une certaine notoriété. C’est le procès qui l’oppose au comte de la Blache, héritier direct de Pâris-Duverney, qui lui vaut la célébrité. Beaumarchais perd un procès qui achève de le déposséder de l’importante somme que lui a léguée Pâris-Duverney ; il n’hésite pourtant pas à porter plainte contre le juge Goëzman qu’il accuse de corruption. De blâme en mémoire, l’affaire qui aurait pu valoir les galères à Beaumarchais se termine en 1778 par un arrêt qui lui donne raison et avec la gloire. Dans les mêmes années du procès, il a rencontré Thérèse de Willer-Mawlas dont il a une fille en 1775 et qu’il épouse en 1786.
En 1777, il a fondé la Société des auteurs dramatiques. Il a parcouru l’Europe, de l’Angleterre à l’Autriche et est soupçonné, ici et là, d’être espion. Il entretient, en effet, une correspondance avec le ministre des Affaires étrangères du roi qu’est Vergennes. Fasciné par le désir d’indépendance qui est celui des insurgents aux Etats-Unis, il fonde en 1778 une compagnie qui leur envoie des secours. Il n’hésite pas à armer une flotte, dont plusieurs navires sont coulés par les Anglais, pour mener à bien son entreprise. Son activité ne cesse pas. Il publie à Kehl, de 1783 à 1790, une édition des œuvres de Voltaire. En 1775, Le Barbier de Séville a été donné à la Comédie-Française. Le Mariage de Figaro, terminé dès 1778, n’est donné enfin qu’en 1784. Louis XVI juge l’œuvre dangereuse... Au lendemain qu’est le triomphe de la première, le 27 avril, il peut vérifier ne s’être pas trompé. Tout Paris répète certains propos de Figaro qui remettent en cause ce qui fonde la séparation de la société en trois ordres : clergé, noblesse, tiers état. Pourtant, la Révolution surprend Beaumarchais comme d’autres. En 1790, l’opéra Tarare dont il a écrit le livret et que Salieri a composé est repris en 1790. La suite, Le Couronnement de Tarare fait scandale. En revanche, La Mère coupable créée au théatre du Marais ne rencontre pas le succès.
Ses déboires sur la scène ne sont pas le premier souci alors de celui qui s’acharne à fournir à la République les fusils qui lui manquent. Beaumarchais est emprisonné en 1792. S’il échappe aux massacres de septembre et parvient à s’enfuir, s’il quitte la France en juin 1793, c’est pour l’exil en Allemagne. Inscrit sur la liste des émigrés, il ne peut rentrer qu’en 1795. Sourd, il ne se soucie que de marier sa fille Eugénie et de refaire fortune. Au lendemain d’un dîner avec des amis où il avait évoqué quelques souvenirs, le serviteur de Beaumarchais le découvre mort dans son lit. A soixante-sept ans, dans la nuit du 17 au 18 mai 1799, il vient de mourir d’apoplexie.
Mais, en quelques années, sa femme, sa fille et son fils meurent. Les drames dont il est l’auteur et qui sont joués à la Comédie-Française (Eugénie en 1767 et Les Deux Amis en 1770) lui valent une certaine notoriété. C’est le procès qui l’oppose au comte de la Blache, héritier direct de Pâris-Duverney, qui lui vaut la célébrité. Beaumarchais perd un procès qui achève de le déposséder de l’importante somme que lui a léguée Pâris-Duverney ; il n’hésite pourtant pas à porter plainte contre le juge Goëzman qu’il accuse de corruption. De blâme en mémoire, l’affaire qui aurait pu valoir les galères à Beaumarchais se termine en 1778 par un arrêt qui lui donne raison et avec la gloire. Dans les mêmes années du procès, il a rencontré Thérèse de Willer-Mawlas dont il a une fille en 1775 et qu’il épouse en 1786.
En 1777, il a fondé la Société des auteurs dramatiques. Il a parcouru l’Europe, de l’Angleterre à l’Autriche et est soupçonné, ici et là, d’être espion. Il entretient, en effet, une correspondance avec le ministre des Affaires étrangères du roi qu’est Vergennes. Fasciné par le désir d’indépendance qui est celui des insurgents aux Etats-Unis, il fonde en 1778 une compagnie qui leur envoie des secours. Il n’hésite pas à armer une flotte, dont plusieurs navires sont coulés par les Anglais, pour mener à bien son entreprise. Son activité ne cesse pas. Il publie à Kehl, de 1783 à 1790, une édition des œuvres de Voltaire. En 1775, Le Barbier de Séville a été donné à la Comédie-Française. Le Mariage de Figaro, terminé dès 1778, n’est donné enfin qu’en 1784. Louis XVI juge l’œuvre dangereuse... Au lendemain qu’est le triomphe de la première, le 27 avril, il peut vérifier ne s’être pas trompé. Tout Paris répète certains propos de Figaro qui remettent en cause ce qui fonde la séparation de la société en trois ordres : clergé, noblesse, tiers état. Pourtant, la Révolution surprend Beaumarchais comme d’autres. En 1790, l’opéra Tarare dont il a écrit le livret et que Salieri a composé est repris en 1790. La suite, Le Couronnement de Tarare fait scandale. En revanche, La Mère coupable créée au théatre du Marais ne rencontre pas le succès.
Ses déboires sur la scène ne sont pas le premier souci alors de celui qui s’acharne à fournir à la République les fusils qui lui manquent. Beaumarchais est emprisonné en 1792. S’il échappe aux massacres de septembre et parvient à s’enfuir, s’il quitte la France en juin 1793, c’est pour l’exil en Allemagne. Inscrit sur la liste des émigrés, il ne peut rentrer qu’en 1795. Sourd, il ne se soucie que de marier sa fille Eugénie et de refaire fortune. Au lendemain d’un dîner avec des amis où il avait évoqué quelques souvenirs, le serviteur de Beaumarchais le découvre mort dans son lit. A soixante-sept ans, dans la nuit du 17 au 18 mai 1799, il vient de mourir d’apoplexie.
LE MARIAGE DE FIGARO
Pierre-Augustin Caron
de Beaumarchais
- Résumé -
(acte par acte)
Acte I
Jour de noces au château d’Aguas Frescas, près de Séville, chez le comte Almaviva, « grand corregidor » [juge suprême] d’Andalousie. Tandis que Figaro, « concierge » du château, mesure la chambre nuptiale, sa fiancée Suzanne, camériste de la Comtesse, lui apprend que le Comte, tout en ayant officiellement aboli le « droit du seigneur », veut faire d’elle sa maîtresse, et a chargé Bazile (voir le Barbier de Séville) de la négociation. Resté seul, Figaro s’indigne et réfléchit : comment empocher l’argent du Comte sans lui rien céder en échange ? Surcroît d’embarras : la vieille Marceline, aidée de Bartholo - autre revenant du Barbier -, entend faire valoir auprès du Comte une promesse de mariage de Figaro. Elle se querelle avec Suzanne, qui se moque de ses prétentions. Surgit, fort ému, le page Chérubin que le Comte vient de chasser après l’avoir surpris chez Fanchette, la fille du jardinier. Mais Chérubin courtise aussi Suzanne, tout en rêvant à la Comtesse sa marraine, dont il arrache à Suzanne le ruban de nuit. Ils sont surpris par le Comte venu faire sa cour à la camériste : terrifié, Chérubin se dissimule d’abord derrière un fauteuil, puis par un mouvement tournant s’y blottit sous une robe, lorsque le Comte, entendant entrer quelqu’un, lui prend sa première cachette. Ce n’est que Bazile, venu jouer les entremetteurs. Mais une allusion aux sentiments de Chérubin pour la Comtesse provoque la colère du Comte, qui se dresse brusquement ; en mimant sa découverte de Chérubin chez Fanchette, il tire sur la robe et, stupéfait, voit de nouveau apparaître le page ! Il en est d’autant plus irrité que Chérubin connaît maintenant tous ses projets... Heureuse diversion : une foule de paysans et de valets envahit la scène, conduits par la Comtesse et Figaro. Celui-ci demande au Comte de célébrer sur-le-champ l’abandon du droit du seigneur ; celle-là sollicite la grâce de son filleul. Verdict embarrassé du Comte : la cérémonie aura lieu plus tard ; quant à Chérubin, il partira pour l’armée, à l’autre bout de l’Espagne. Mais Figaro, discrètement, lui souffle le moyen de rester au château.
Acte II
Chez la Comtesse. Suzanne informe sa maîtresse, rêveuse et amère, des faits et gestes de Chérubin et du Comte. Arrive Figaro, qui expose son plan : pour lui « donner le change », il a fait adresser au Comte un billet anonyme l’informant que son épouse doit rencontrer un galant le soir même. Quant à Suzanne, il faut qu’elle fixe un rendez-vous au Comte ; mais c’est Chérubin, déguisé, qui s’y rendra. Figaro va donc chercher le page, qui, en tenue d’officier et son brevet à la main (non cacheté, remarque la Comtesse), reste avec les deux femmes. Il chante une romance d’adieu à la Comtesse aussi émue que lui, et plus encore lorsqu’elle découvre au bras du page le ruban volé, taché de sang par une blessure. Elle le lui reprend, en feignant l’indifférence ; au même moment, le Comte frappe à la porte fermée à clé. Chérubin court s’enfermer dans le cabinet de toilette, mais y fait tomber une chaise. La Comtesse, plus morte que vive, prétend qu’il s’agit de Suzanne, et le mari jaloux enjoint à celle-ci, évidemment sa ns succès, de se montrer ; puis il sort avec la Comtesse tremblante pour chercher de quoi forcer la serrure, non sans avoir au préalable fermé à double tour la chambre - où Suzanne, par bonheur, a pu se cacher. Elle ouvre donc à Chérubin, qui saute par la fenêtre, et elle prend sa place. Retour du Comte et de la Comtesse, qui finit par tout avouer et par donner au Comte la clé du cabinet. Stupeur : « C’est Suzanne ! » Le Comte, penaud, implore le pardon de son épouse, qui, se remettant peu à peu, feint d’avoir voulu punir sa jalousie. Le Comte passe sa mauvaise humeur sur Figaro. Catastrophe : le jardinier Antonio arrive avec à la main un pot de giroflées écrasées et le brevet de Chérubin, que celui-ci a perdu dans sa chute. Mais Figaro sauve la situation : c’est lui, dit-il, qui a sauté par la fenêtre, et a gardé le brevet pour y faire apposer le cachet... Rageusement, le Comte vérifie et doit s’incliner. De nouveau une foule envahit la scène, avec Marceline qui vient réclamer ses droits sur Figaro. Bazile, rudoyé par le Comte, est dépêché au bourg pour y chercher les gens de justice. Demeurées seules, la Comtesse et Suzanne font le point : impossible, désormais, d’envoyer Chérubin au rendez-vous ! C’est donc la Comtesse qui, sous l’apparence de Suzanne, ira elle-même. Mais on n’en dira rien à Figaro.
Acte III
La « salle du Trône », servant de salle d’audience au grand corregidor. Désarroi du Comte, qui se sent joué de tous côtés. Il a convoqué Figaro pour tenter, du moins, de savoir s’il est au courant de son intrigue avec Suzanne. Tête-à-tête aigre-doux entre les deux hommes, également sur leurs gardes. Figaro se moque du Comte (tirade de God-dam, couplet sur la politique), qui croit néanmoins l’avoir percé à jour : « Je vois qu’on lui a tout dit ; il épousera la duègne. » Mais Suzanne retourne la situation en promettant au Comte le rendez-vous tant espéré, en échange de quoi il déboutera Marceline. Hélas ! un mot de trop de Suzanne à Figaro révèle au Comte toute la manœuvre, et il décide de se venger : « Un bon arrêt, bien juste... » En attendant, Marceline puis Figaro essaient d’exposer leur cas à Brid’oison, le juge assesseur d’Almaviva, bègue et formaliste. Le procès commence. Bartholo, promu avocat de Marceline, et Figaro ergotent longuement sur les termes (et/ou, ou/où...) de la promesse de mariage ; le Comte tranche enfin, en condamnant Figaro à payer Marceline ou à l’épouser. En désespoir de cause, Figaro, né de parents inconnus, se proclame gentilhomme afin d’échapper au verdict. Coup de théâtre : ses « nobles parents » se révèlent n’être en réalité que Marceline et Bartholo - lequel refuse obstinément d’épouser la mère de son fils. Marceline profère alors une violente dénonciation de la cruauté masculine, et tombe dans les bras de Figaro. Suzanne, qui arrive avec de l’argent donné par la Comtesse, se croit trahie, mais le malentendu se dissipe, le Comte rage et Bartholo se laisse fléchir.
Acte IV
Une galerie du château. Badinage philosophique et amoureux entre les deux fiancés. La Comtesse relance le jeu en dictant à Suzanne, à l’insu de Figaro, un billet donnant rendez-vous au Comte. Une imprudence de Chérubin, arrivant déguisé en fille parmi une troupe de villageoises, et bientôt reconnu, tourne à la confusion du seigneur dont les vues sur Fanchette sont révélées à tous. La cérémonie décidée à l’acte I se déroule enfin, mais Figaro aperçoit le Comte avec le billet entre les mains ; une indiscrétion de Fanchette lui en apprend la provenance, ainsi que le lieu du rendez-vous. Marceline tente d’apaiser son fils ivre de jalousie, et qui voudrait maintenant tout rompre.
Acte V
Une allée de marronniers avec deux pavillons. Dans la nuit, Fanchette cherche Chérubin. Apparaît Figaro accompagné de Bartholo, Bazile, etc., et d’un groupe de « valets et de travailleurs » qu’il poste aux alentours. Resté seul, il exhale sa rancœur dans un long monologue, et dresse l’amer bilan de sa vie. Caché, il voit arriver successivement Suzanne et la Comtesse, qui ont échangé leurs vêtements et qu’il prend l’une pour l’autre, puis Chérubin qui lutine la Comtesse en la prenant pour Suzanne, enfin le Comte qui redécouvre les appas de sa femme en s’imaginant lui aussi qu’il fait la cour à Suzanne. Mais Figaro furieux trouble leur entretien ; le Comte s’enfonce dans l’obscurité, la Comtesse se retire de son côté et Suzanne, sous son déguisement, décide de punir Figaro de ses soupçons. Mais il la reconnaît bientôt... Reste à punir aussi le Comte : celui-ci, de retour, croit apercevoir sa femme avec Figaro. Fureur, scandale. Figaro est arrêté, Suzanne s’enfuit dans un des pavillons - lequel, sous les yeux du Comte, se vide successivement de tous ses occupants : Chérubin, Fanchette, Marceline... Tandis que la Comtesse, seule, sort de l’autre pavillon. Le Comte, comprenant sa bévue, implore le pardon de son épouse, et « tout finit par des chansons » .
Jour de noces au château d’Aguas Frescas, près de Séville, chez le comte Almaviva, « grand corregidor » [juge suprême] d’Andalousie. Tandis que Figaro, « concierge » du château, mesure la chambre nuptiale, sa fiancée Suzanne, camériste de la Comtesse, lui apprend que le Comte, tout en ayant officiellement aboli le « droit du seigneur », veut faire d’elle sa maîtresse, et a chargé Bazile (voir le Barbier de Séville) de la négociation. Resté seul, Figaro s’indigne et réfléchit : comment empocher l’argent du Comte sans lui rien céder en échange ? Surcroît d’embarras : la vieille Marceline, aidée de Bartholo - autre revenant du Barbier -, entend faire valoir auprès du Comte une promesse de mariage de Figaro. Elle se querelle avec Suzanne, qui se moque de ses prétentions. Surgit, fort ému, le page Chérubin que le Comte vient de chasser après l’avoir surpris chez Fanchette, la fille du jardinier. Mais Chérubin courtise aussi Suzanne, tout en rêvant à la Comtesse sa marraine, dont il arrache à Suzanne le ruban de nuit. Ils sont surpris par le Comte venu faire sa cour à la camériste : terrifié, Chérubin se dissimule d’abord derrière un fauteuil, puis par un mouvement tournant s’y blottit sous une robe, lorsque le Comte, entendant entrer quelqu’un, lui prend sa première cachette. Ce n’est que Bazile, venu jouer les entremetteurs. Mais une allusion aux sentiments de Chérubin pour la Comtesse provoque la colère du Comte, qui se dresse brusquement ; en mimant sa découverte de Chérubin chez Fanchette, il tire sur la robe et, stupéfait, voit de nouveau apparaître le page ! Il en est d’autant plus irrité que Chérubin connaît maintenant tous ses projets... Heureuse diversion : une foule de paysans et de valets envahit la scène, conduits par la Comtesse et Figaro. Celui-ci demande au Comte de célébrer sur-le-champ l’abandon du droit du seigneur ; celle-là sollicite la grâce de son filleul. Verdict embarrassé du Comte : la cérémonie aura lieu plus tard ; quant à Chérubin, il partira pour l’armée, à l’autre bout de l’Espagne. Mais Figaro, discrètement, lui souffle le moyen de rester au château.
Acte II
Chez la Comtesse. Suzanne informe sa maîtresse, rêveuse et amère, des faits et gestes de Chérubin et du Comte. Arrive Figaro, qui expose son plan : pour lui « donner le change », il a fait adresser au Comte un billet anonyme l’informant que son épouse doit rencontrer un galant le soir même. Quant à Suzanne, il faut qu’elle fixe un rendez-vous au Comte ; mais c’est Chérubin, déguisé, qui s’y rendra. Figaro va donc chercher le page, qui, en tenue d’officier et son brevet à la main (non cacheté, remarque la Comtesse), reste avec les deux femmes. Il chante une romance d’adieu à la Comtesse aussi émue que lui, et plus encore lorsqu’elle découvre au bras du page le ruban volé, taché de sang par une blessure. Elle le lui reprend, en feignant l’indifférence ; au même moment, le Comte frappe à la porte fermée à clé. Chérubin court s’enfermer dans le cabinet de toilette, mais y fait tomber une chaise. La Comtesse, plus morte que vive, prétend qu’il s’agit de Suzanne, et le mari jaloux enjoint à celle-ci, évidemment sa ns succès, de se montrer ; puis il sort avec la Comtesse tremblante pour chercher de quoi forcer la serrure, non sans avoir au préalable fermé à double tour la chambre - où Suzanne, par bonheur, a pu se cacher. Elle ouvre donc à Chérubin, qui saute par la fenêtre, et elle prend sa place. Retour du Comte et de la Comtesse, qui finit par tout avouer et par donner au Comte la clé du cabinet. Stupeur : « C’est Suzanne ! » Le Comte, penaud, implore le pardon de son épouse, qui, se remettant peu à peu, feint d’avoir voulu punir sa jalousie. Le Comte passe sa mauvaise humeur sur Figaro. Catastrophe : le jardinier Antonio arrive avec à la main un pot de giroflées écrasées et le brevet de Chérubin, que celui-ci a perdu dans sa chute. Mais Figaro sauve la situation : c’est lui, dit-il, qui a sauté par la fenêtre, et a gardé le brevet pour y faire apposer le cachet... Rageusement, le Comte vérifie et doit s’incliner. De nouveau une foule envahit la scène, avec Marceline qui vient réclamer ses droits sur Figaro. Bazile, rudoyé par le Comte, est dépêché au bourg pour y chercher les gens de justice. Demeurées seules, la Comtesse et Suzanne font le point : impossible, désormais, d’envoyer Chérubin au rendez-vous ! C’est donc la Comtesse qui, sous l’apparence de Suzanne, ira elle-même. Mais on n’en dira rien à Figaro.
Acte III
La « salle du Trône », servant de salle d’audience au grand corregidor. Désarroi du Comte, qui se sent joué de tous côtés. Il a convoqué Figaro pour tenter, du moins, de savoir s’il est au courant de son intrigue avec Suzanne. Tête-à-tête aigre-doux entre les deux hommes, également sur leurs gardes. Figaro se moque du Comte (tirade de God-dam, couplet sur la politique), qui croit néanmoins l’avoir percé à jour : « Je vois qu’on lui a tout dit ; il épousera la duègne. » Mais Suzanne retourne la situation en promettant au Comte le rendez-vous tant espéré, en échange de quoi il déboutera Marceline. Hélas ! un mot de trop de Suzanne à Figaro révèle au Comte toute la manœuvre, et il décide de se venger : « Un bon arrêt, bien juste... » En attendant, Marceline puis Figaro essaient d’exposer leur cas à Brid’oison, le juge assesseur d’Almaviva, bègue et formaliste. Le procès commence. Bartholo, promu avocat de Marceline, et Figaro ergotent longuement sur les termes (et/ou, ou/où...) de la promesse de mariage ; le Comte tranche enfin, en condamnant Figaro à payer Marceline ou à l’épouser. En désespoir de cause, Figaro, né de parents inconnus, se proclame gentilhomme afin d’échapper au verdict. Coup de théâtre : ses « nobles parents » se révèlent n’être en réalité que Marceline et Bartholo - lequel refuse obstinément d’épouser la mère de son fils. Marceline profère alors une violente dénonciation de la cruauté masculine, et tombe dans les bras de Figaro. Suzanne, qui arrive avec de l’argent donné par la Comtesse, se croit trahie, mais le malentendu se dissipe, le Comte rage et Bartholo se laisse fléchir.
Acte IV
Une galerie du château. Badinage philosophique et amoureux entre les deux fiancés. La Comtesse relance le jeu en dictant à Suzanne, à l’insu de Figaro, un billet donnant rendez-vous au Comte. Une imprudence de Chérubin, arrivant déguisé en fille parmi une troupe de villageoises, et bientôt reconnu, tourne à la confusion du seigneur dont les vues sur Fanchette sont révélées à tous. La cérémonie décidée à l’acte I se déroule enfin, mais Figaro aperçoit le Comte avec le billet entre les mains ; une indiscrétion de Fanchette lui en apprend la provenance, ainsi que le lieu du rendez-vous. Marceline tente d’apaiser son fils ivre de jalousie, et qui voudrait maintenant tout rompre.
Acte V
Une allée de marronniers avec deux pavillons. Dans la nuit, Fanchette cherche Chérubin. Apparaît Figaro accompagné de Bartholo, Bazile, etc., et d’un groupe de « valets et de travailleurs » qu’il poste aux alentours. Resté seul, il exhale sa rancœur dans un long monologue, et dresse l’amer bilan de sa vie. Caché, il voit arriver successivement Suzanne et la Comtesse, qui ont échangé leurs vêtements et qu’il prend l’une pour l’autre, puis Chérubin qui lutine la Comtesse en la prenant pour Suzanne, enfin le Comte qui redécouvre les appas de sa femme en s’imaginant lui aussi qu’il fait la cour à Suzanne. Mais Figaro furieux trouble leur entretien ; le Comte s’enfonce dans l’obscurité, la Comtesse se retire de son côté et Suzanne, sous son déguisement, décide de punir Figaro de ses soupçons. Mais il la reconnaît bientôt... Reste à punir aussi le Comte : celui-ci, de retour, croit apercevoir sa femme avec Figaro. Fureur, scandale. Figaro est arrêté, Suzanne s’enfuit dans un des pavillons - lequel, sous les yeux du Comte, se vide successivement de tous ses occupants : Chérubin, Fanchette, Marceline... Tandis que la Comtesse, seule, sort de l’autre pavillon. Le Comte, comprenant sa bévue, implore le pardon de son épouse, et « tout finit par des chansons » .